lundi 21 février 2011

Des protéines d'origine virale jouent un rôle essentiel dans le développement du placenta des mammifères

Beaucoup de gens savent de nos jours que les bactéries jouent pour nous un rôle essentiel. Ils entendent souvent parler des bactéries pro-biotiques utiles de la flore intestinale. En fait, nous avons sur notre peau et en nous-mêmes entre 10 à 100 fois plus de bactéries (certaines utiles, d'autres nuisibles) que de cellules qui nous appartiennent en propre.

Mais peu de gens savent que les virus jouent aussi un rôle dans notre organisme. Même sans infection virale active, nous avons dans notre ADN une partie non-négligeable de notre bagage génétique qui provient de virus. Le magazine La Recherche mentionnait 8% dans son numéro hors-série sur les microbes de novembre 2010 (mais d'autres articles parlent d'un pourcentage encore plus élevé).


Ce bagage est constitué de gènes incorporés à l'ADN de nos ancêtres mammifères et devenus inactifs au cours de l'évolution, et aussi de séquences génétiques qui ne constituent plus des gènes entiers codant pour des protéines mais qui peuvent jouer un rôle dans l'activation et l'inactivation de certains gènes. Ainsi les virus peuvent insérer dans notre bagage génétique leurs gènes (ou même possiblement des gènes d'autres espèces qu'ils ont eux-mêmes incorporés dans leur propre bagage génétique). Et quand cette insertion se fait au niveau de l'ADN des cellules sexuelles, ces gènes se transmettent alors à la descendance. Ce dernier type d'insertion se produit rarement, mais à travers les centaines de millions d'années depuis l'apparition de la vie animale, cela s'est produit à plusieurs reprises.

Parmi les gènes de virus incorporés au bagage génétique des mammifères, il y en a qui sont encore actifs et qui produisent des protéines qui sont essentielles au développement du placenta de beaucoup d'espèces de mammifères. Ces gènes ne permettent pas de reconstituer cependant des virus entiers. Les protéines qu'ils produisent ont des propriétés qui permettent la fusion de certaines cellules de l'embryon avec celles de l'utérus de la mère pour former le placenta. Ces protéines originent des protéines de l'enveloppe des virus qui fusionnent avec les cellules avec lesquelles elles entrent en contact pour leur infuser leur bagage génétique. Au cours de l'évolution des espèces animales, ces protéines ont été incorporées au bagage génétique de beaucoup d'espèces de mammifères et auraient même hypothétiquement servi à la transition évolutive entre les espèces produisant des oeufs et celles produisant des foetus reliés par placenta à l'utérus maternel.

Référence: l'article «L'origine virale du placenta» de Thierry Heidmann dans le hors-série sur les microbes de La Recherche, no.41 - novembre 2010. L'ensemble du numéro de La Recherche est une présentation très bien structurée et vulgarisée des connaissances actuelles sur les microbes.

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