jeudi 28 octobre 2010

Glucosamine: attention aux nouvelles mal justifiées

Glucosamine: attention à l'abus! | Cyberpresse - leSoleil: - La question des effets des produits naturels pris comme médicament refait surface périodiquement dans les mass-médias. L'orientation générale et constante qui se dégage de ces nouvelles est que les produits naturels sont peu efficaces et qu'ils peuvent avoir des effets secondaires néfastes. Ici la journaliste nous prévient quant à elle dès le début de son article que «la consommation effrénée ou prolongée de glucosamine, l'un des produits naturels les plus populaires au Canada, pourrait mener au diabète, selon une étude réalisée à l'université Laval». Rien de moins! Voyons donc voir ce qu'il en est.


L'article précise plus loin que les doses utilisées en laboratoire étaient de 5 à 10 fois supérieures à la dose recommandée par les fabricants! Tiens, tiens! Quel médicament pharmaceutique n'est pas très dommageable à une telle dose? Quel rapport cela a-t-il avec une consommation prolongée de glucosamine? Absolument aucun! L'étude citée n'est pas du tout une étude des effets d'une consommation prolongée. À relire attentivement l'article, on finit par comprendre d'où vient la méprise: le chercheur mentionne que dans les cas d'abus, «peut-être que les doses à long terme seraient suffisantes pour causer des dommages». En fonction de ce que dit le chercheur, il aurait plutôt fallu écrire que la consommation effrénée et prolongée pourrait causer des dommages (avec un «et» et non un «ou»). Et en plus, c'est là une association entre l'abus et la période prolongée qui ne provient pas de l'étude scientifique elle-même.

Même sur la question de l'abus, l'article peut nous induire en erreur. Les doses massives utilisées ne sont pas des doses cliniques administrées à des humains, mais bien des doses directement mises en contact avec des cellules en laboratoire. Il faut savoir qu'une dose prise par la bouche doit passer à travers divers filtres réducteurs (dont le foie) qui font en sorte qu'une faible partie du produit ingéré se retrouve en contact avec les cellules ciblées. Les «doses» in-vitro dont il est question n'ont donc rien à voir avec les effets de doses prises oralement par les humains. Les doses orales devraient être encore plus massives pour générer les mêmes effets. Imaginez: beaucoup plus que 5 à 10 fois la dose recommandée! Ce n'est plus un abus, mais un super-abus. L'avertissement qu'abuser de la glucosamine pourrait conduire au diabète est une affirmation arbitraire qui joue largement sur le flou entourant la notion d'abus.

Mais il y a encore plus! L'article mentionne que «Pour en avoir le coeur net, il faudrait tester l'effet du produit (...) sur des cellules pancréatiques humaines. Le problème , c'est qu'il est techniquement impossible d'isoler ces cellules en laboratoire». Donc, l'étude ne portait pas sur des cellules pancréatiques humaines qui sont les cellules touchées par le diabète! L'étude ne peut donc servir que d'un incitatif à aller voir dans une autre recherche ce qui se passe pour les cellules pancréatiques humaines pour confirmer ou non que la même chose s'y produit.

L'avertissement de l'article va donc bien au-delà de ce que dit réellement l'étude scientifique récente. Reste donc seulement un avertissement très flou à ne pas faire d'abus et à respecter les doses recommandées tout comme pour les produits pharmaceutiques. Là-dessus l'article du Soleil a un certain mérite parce qu'il est vrai que certaines personnes pourraient croire que la glucosamine est inoffensive à très forte dose puisque certains chercheurs (certains disent le contraire) prétendent que son effet positif est seulement un effet placebo.

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