mercredi 4 août 2010

La croissance économique, les ressources naturelles et l'économie de marché (1 de 2)

Le 15 juillet dernier, j'écrivais que j'allais vous revenir sur les questions de la croissance sous le capitalisme, de la crise des ressources, et sur la solution proposée du coopératisme après avoir lu le livre de Jean-François Lisée «Imaginer l'après-crise». J'en ai fini la lecture. Mais je ne vais pas faire systématiquement l'apologie ou la critique des idées du livre. Ce serait beaucoup trop long et compliqué pour mon propos. Je vais plutôt vous présenter ma vision générale des choses qui a été stimulée par la lecture du livre, par les idées nombreuses qu'il contient et par la réflexion autour de certaines des questions pertinentes qu'il soulève.


La croissance économique et les ressources naturelles

Il faut d'abord reconnaître que le motif principal des capitalistes étant de faire le profit maximum, il est bien entendu que cela incite à produire et à consommer de plus en plus, et à utiliser toujours davantage de ressources naturelles indépendamment de l’accroissement ou non de la population. Quand des capitaux sont investis sans se préoccuper de la production concrète des biens et services, qu’ils sont investis dans le but principal d’obtenir des rendements élevés et de réinvestir les profits pour en faire encore davantage, tout cela mène directement à une augmentation de la production et ultimement, dans les conditions actuelles d’utilisation des ressources, à une crise écologique mondiale.

Mais en serait-il nécessairement autrement si les entreprises de «l'économie sociale et solidaire» produisaient la majorité des biens et services dans notre économie? Produire dans le but principal de satisfaire les besoins individuels et collectifs comme elles le font au lieu de produire pour faire des profits n’est pas une garantie de non-épuisement des ressources naturelles. On n’a qu’à penser à la disparition de la civilisation de l’Île-de-Pâques à cause possiblement de l’épuisement de la ressource du bois pour s’en convaincre. Il n’y avait pas là d’entreprise capitaliste et ils ont pourtant réussi à épuiser leurs ressources essentielles.

Préserver les ressources collectives exige cependant au point de départ une préoccupation pour ces ressources. Et cela n’est surtout pas évident pour les capitalistes individualistes qui ont habituellement en horreur la réglementation et qui ont le laisser-faire comme devise. En ce sens, les entreprises capitalistes ont un «code génétique» peu compatible avec la préservation des ressources, pour utiliser l’expression de M. Lisée. Et même plus, beaucoup d’entre elles en profitent lorsque la rareté d’une ressource permet d’en tirer de juteux profits en la vendant au plus offrant! Les entreprises de «l’économie sociale et solidaire» sont par définition beaucoup plus sensibles aux questions qui concernent le bien commun et la préservation des ressources collectives.

Donc, favoriser plus le développement des entreprises sociales que celui des entreprises capitalistes est un des facteurs qui pourraient aider à long terme à résoudre les problèmes de ressources et d'environnement. Mais il me semble que des échéances-clés pour les gaz à effet de serre et les ressources mondiales arriveront bien avant que les entreprises sociales puissent théoriquement dominer l’économie dans un réaménagement progressif de l’économie. Le jour où la partie capitaliste de l'économie n'occuperait plus ainsi que la place réduite d'un vestige du passé comme peut occuper aujourd'hui la monarchie me semble bien lointaine! D’autant plus qu’il est loin d’être certain que les financiers et les entreprises capitalistes vont se laisser tasser progressivement et tranquilement sans réagir!

Au-delà de la nécessité d’être sensible à la préservation des ressources collectives, il faut maintenant prendre les mesures de précaution appropriées et établir des lois et règlements à faire respecter par tous pour favoriser et préserver les conditions propices à une vie humaine de qualité. Étant donné que les ressources de l’air et de la mer sont communes au niveau mondial, cela exige donc des règles mondiales. Ce qui est loin d’être évident dans le contexte où il n’existe pas de gouvernement mondial et où la superpuissance dominante n’est pas prête à favoriser la mise en place de telles règles. Il semble bien qu’il faudra des moments intenses de crise écologique pour arriver à changer les choses. Cela ne se fera donc pas à mon avis de façon immédiate, progressive et ordonnée comme on l'aimerait, mais plutôt à la dernière minute dans un mode plus précipité, saccadé et imprévisible.

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