dimanche 11 juillet 2010

L'aide massive aux banques canadiennes dont on a très peu entendu parler

Qu'est-il advenu du «Cadre de financement exceptionnel» des banques par le gouvernement Harper? À l'origine il était prévu que cette aide pourrait atteindre 200 milliards $, pourtant les mass-médias l'avaient largement passé sous silence. Le gouvernement avait préféré publiciser ses investissements de 16 milliards $ dans les infrastructures et ses baisses d'impôts de 20  milliards $.


Selon un article de la revue À Bâbord (Louis Gaudreau, «La stabilité artificielle des banques canadiennes», numéro de l'été 2010, pp.10-11), il y aurait eu en fait des déboursés de 135 milliards $ par le gouvernement et la Banque centrale du Canada, dont 127 milliards $ pour le rachat de créances bancaires. Même si cela ne constitue pas un coût net étant donné que les créances doivent être remboursées un jour, cela a fait en sorte de justement transférer les risques de non-remboursement du côté des pouvoirs publics. On ne sait pas quelles ont été jusqu'à maintenant les coûts nets de ces rachats, c'est-à-dire les pertes liées au non-remboursement, les intérêts des emprunts effectués pour pouvoir faire le rachat des créances et le coût de mise en oeuvre des opérations de rachat.

Le rachat des créances bancaires douteuses a fourni des liquidités aux banques canadiennes dont certaines ont profité pour faire des acquisitions de banques étrangères. Il y a eu une forte expansion du secteur bancaire canadien. Cela a aussi eu comme effet de rendre disponible de nouveaux crédits pour le prêt immobilier et de nouvelles conditions favorables aux emprunts hypothécaires. En conséquence la demande immobilière et les prix immobiliers ont pu augmenter de pair avec le ratio moyen d'endettement des ménages par rapport à leurs revenus.

De façon superficielle, tout ça peut faire bien paraitre la situation économique et financière d'ensemble du Canada. Mais le prix des maisons a augmenté d'une façon telle que c'est devenu un fardeau financier énorme pour les acheteurs d'une première maison et que le prix des loyers en location s'en ressent aussi. Et il ne faut pas oublier que c'est une crise immobilière qui a engendré la crise financière américaine qui s'est répercutée au niveau mondial. Trois facteurs ont préparé la crise: 1) des conditions très favorables de crédit liées à la création et à la vente des titres de créance, 2) des taux hypothécaires bas qui se sont mis à augmenter et 3) un taux de près de 20% de prêts hypothécaires à risque. L'augmentation du niveau d'endettement des ménages canadiens dans un contexte de taux hypothécaires bas sera à surveiller de près.

Le gouvernement Harper voudrait aujourd'hui nous imposer des mesures d'austérité pour financer son plan d'action économique qui a profité surtout aux banques et aux financiers. Ce que la population est en droit de s'attendre, c'est qu'il impose des mesures d'austérité d'abord aux banques et aux financiers. Ce serait aussi l'occasion appropriée pour imposer une taxation sur les transactions financières. Ce serait un frein puissant à la spéculation risquée et à l'expansion de l'économie-casino.

2 commentaires:

  1. Une autre chose qui doit être remarquée et comprise est qu'en arrière-fond à l'augmentation du crédit à risque et à la crise immobilière américaine, il y a l'augmentation des inégalités de revenus: depuis les années 1980 les revenus réels des travailleurs américains ont eu tendance à stagner alors que ceux des gens riches augmentaient. Les financiers cherchaient des moyens de faire fructifier les capitaux disponibles malgré la stagnation de la consommation interne au pays. Ils ont inventé en conséquence toutes sortes de manières permettant de mousser la demande de crédit. Cela a mené à l'abandon des règles de contrôle des outils financiers et à un fort pourcentage de crédit risqué.

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  2. Complément d'information: Le gouvernement a dit qu'une tranche d'environ 1,8 milliard du déficit de cette année était attribuable aux mesures prises dans le cadre de son plan d'action économique.

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