mardi 22 juin 2010

Les résultats des études médicales cliniques tels que rapportés par les médias

Les oméga-3 efficaces contre la dépression | Cyberpresse.ca - Je prend cet article d'actualité à titre d'exemple. Ce genre d'article ne nous éclaire pas vraiment sur les résultats de l'étude clinique mentionnée:
1) il ne mentionne nulle part ce que veut dire un traitement efficace;
2) il ne donne aucun chiffre concernant la proportion de ceux pour lesquels le traitement serait «efficace».
L'article (et peut-être aussi les chercheurs qui ont fait la conférence de presse) traite les lecteurs comme des patients qui devraient s'en remettre aveuglément à l'avis des chercheurs-experts.


Ce sont des résultats scientifiques qu'on veut présenter mais l'article ne se distingue aucunement d'un article de présentation d'un opinion arbitraire. Seul point critique de l'article: la mention que l'étude a été financée à 70% par un producteur de capsules d'oméga-3. Cela peut nous rendre méfiants face aux conclusions des chercheurs mais cela ne nous éclaire pas sur les éléments sur lesquels ceux-ci s'appuient pour affirmer «l'efficacité» des oméga-3.

Remarquez que je suis un consommateur de poisson et de graines de lin convaincu de la place importante qu'occupe les oméga-3 dans une alimentation humaine équilibrée: ils jouent un rôle majeur au niveau du système cardiovasculaire et au niveau de l'équilibre entre les aliments pro-inflammatoires et anti-inflammatoires. Et cet équilibre a un impact au niveau du combat que mène le système immunitaire contre les micro-lésions cancéreuses (cf. «Les aliments contre le cancer» de Richard Béliveau).

Je veux bien croire que les oméga-3 pourraient faciliter par exemple la circulation sanguine qui mène au cerveau et améliorer possiblement en conséquence l'humeur de la personne qui en consomme. Est-ce cela qu'on veut dire par traitement efficace? Est-ce un simple soulagement temporaire, un soutien physique qui donne un support à la prise en mains des problèmes psycho-sociaux ou un changement irréversible de l'état physique de la personne dépressive, une «guérison»? L'article n'aborde pas ces questions de base et incontournables.

D'ailleurs les mêmes questions pourraient être posées en ce qui concerne les médicaments antidépresseurs actuellement sur le marché. Ce n'est pas pour rien que certaines personnes qui en prennent finissent par cesser de les prendre parce qu'elles se rendent compte que cela ne les «guérit» pas et que ces médicaments ont des effets secondaires néfastes à prendre aussi en considération dans la décision de continuer ou non à en prendre.

2 commentaires:

  1. Un lecteur du blog m'a fait parvenir par courriel une copie de l'article scientifique original. Cela permet de comprendre ce qui est entendu par traitement «efficace»:
    1) c'est premièrement la réduction du pointage moyen obtenu selon un inventaire spécialisé de 30 symptômes du patient dépressif (Inventory of Depressive Symptomatology «IDS-SR30»), le rapport étant compilé par le patient lui-même;
    2) c'est aussi la réduction d'un deuxième pointage fait par un clinicien selon l'échelle «Montgomery-Asberg Depression Rating Scale».

    On parle donc ici plus d'amoindrissement des symptômes que de «guérison». Les échelles de pointage utilisées sont des échelles standards dans le domaine qui sont aussi utilisées dans les études de médicaments antidépressifs.

    En ce qui concerne les résultats selon la première échelle établie par le patient, il y a eu une réduction de 11.02 points avec le placebo et 12.87 points avec les oméga-3,ce qui donne une différence de 1.32 points après pondération de tous les facteurs à considérer. Cette différence n'est pas significative en fonction des critères statistiques retenus. Les résultats sont similaires avec la seconde évaluation faite par le clinicien.

    Cependant en n'extrayant que les données concernant les participants dépressifs qui n'avaient pas de troubles d'anxiété (47.2% des participants), la différence devient 3.17 points, ce qui est statistiquement significatif. Les oméga-3 sont alors plus efficaces que le placebo. Et les résultats obtenus sont du même ordre que ceux obtenus pour les médicaments anti-dépressifs.

    Cela répond aux 2 questions fondamentales laissées sans réponse par les articles des mass-médias. Mais si vous êtes comme moi, vous avez remarqué que le placebo seul a permis une réduction de 11.02 points en moyenne pour l'ensemble des participants. C'est beaucoup plus que les 3.17 points de réduction supplémentaire obtenus par les oméga-3 pour le sous-groupe des participants sans troubles d'anxiété. Cela montre toute la puissance de l'effet placebo.

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  2. J'ai oublié de mentionner qu'à choisir entre des oméga-3 faisant partie d'une alimentation normale et un médicament anti-dépresseur qui vient modifier le fonctionnement normal d'une partie spécialisée du corps humain, je n'hésiterais pas une seconde et je prendrais les oméga-3.

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